[Brevet] La Salomon Predict 2 : du brevet à la chaussure

[Brevet] La Salomon Predict 2 : du brevet à la chaussure 1

Au programme : La Salomon Predict, la semelle qui suit vos articulations plantaires !

Cet article ne présage pas des futures sorties de la marque, il n’est issu que de mon analyse d’un brevet déposé par la marque et reflète potentiellement les activités des concepteurs.

Les informations présentées dans cet article proviennent de la demande de brevet FR3065152A1 déposée par Salomon SAS remplie en juillet 2017 et publiée le octobre 2018.

En 2019, Salomon sortait la Predict avec une semelle originale avec un découplage des zones. Derrière cette semelle se cache un brevet et pas mal d’études signées, Marlène Giandolini, René Borel et Simon Bartold. En 2020, Salomon sort la version 2 qui donne vraiment envie pour aller enchainer les kilomètres (dans un périmètre de 1 kilomètre et pendant 1 heure biensur) 

Le brevet de la semelle de Salomon Predict

L’objectif de cette semelle de la Salomon Predict est d’être souple en flexion transversale et longitudinale, amortissante tout en étant transmettant les informations du sol, en étant stable et en réduisant la fatigue : la semelle de rêve ? Presque, la vocation principale comme vous le verrez plus tard dans la petite discussion avec Marlène est surtout de réduire le risque de blessure. 

Pour cela, le semelle externe dispose de rainures qui correspondent aux principales articulations du pied. On obtient ainsi différentes plateformes amortissantes qui forment des zones d’appui stables. Chaque plateforme permet un fonctionnement anatomique des différentes articulations du pied dans les plans sagittal, transversal et frontal. Elle respecte ainsi la mobilité articulaire du pied. Cela amènerait une meilleure perception des appuis et impacts et ainsi une meilleure transmission des informations sensorielles.

D’après les inventeurs de la Salomon Predict, ceci serait la clé pour réduire la fatigue, les risques de traumatismes au niveau du pied et du genou. Le déroulement du pied serait plus efficace lors de la phase d’impact du fait d’une diminution des forces appliquées dans les plans frontal et transversal, notamment au niveau de  la hanche et du genou, c’est-à-dire des forces non dirigées dans le sens de déplacement du coureur.

Chaque rainure a donc une fonction particulière pour former un ensemble de 10 plateformes :

  • Les premières rainures transversales sur l’avant du pied (en bleu violet) sont sous les articulations des orteils. Cela facilite le déroulement de la partie avant du pied.
  • Les deuxièmes rainures transversales (en orange) sont dans une zone qui correspond aux articulations entre le métatarse et les orteils. Cela facilite également le déroulement de la partie avant du pied.
  • Les premières rainures obliques (en vert) sont dans une zone latérale d’articulation entre le métatarse et le cuboïde. Cela favorise le déroulement du pied du côté latéral.
  • Les secondes rainures obliques sont (en jaune) situées dans une zone d’articulation entre le calcanéum et le métatarse. Cela aide les déformations du pied au niveau du métatarse. 
  • Les troisièmes rainures obliques (en rouge) sont dans la zone de la voûte plantaire. Cela facilite les déformations du pied dans cette zone. 
  • La disposition des longues rainures longitudinales (en violet) permet à la semelle d’avoir une aptitude à la flexion transversale.
  • Une rainure longitudinale sur la face extérieure (en cyan) est située dans une zone de talon du pied pour aider celui-ci à se caler transversalement. Cette rainure n’est pas présente sur la version finale de la Salomon Predict

Salomon Predict 2

 

 

Voilà pour le brevet autour de la semelle de la Salomon Predict

La petite histoire de ce projet par Marlène Giandolini

L’année dernière alors que la Salomon Predict RA était lancée en Europe, j’ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à Marlène Giandolini sur cette chaussure 

Comment est né ce projet ?

Marlène : A la base, ce projet lancé il y a 4 ou 5 ans maintenant, était spécifiquement sur les femmes où on s’intéressait aux contraintes articulaires au niveau du dos parce que chez  les femmes il y a beaucoup plus de risques à ce niveau-là à cause de l’anatomie différente (bassin, fessier) et on a fait un premier d’expérience avec différents protos : qui bloquait le mouvement du pied (genre motion control) et une idée de Simon Bartold avec des chaussures qui accompagnait le mouvement (au lieu de le contraindre). On a eu des premiers résultats inattendus, avec les chaussures « motion control » on avait des contraintes articulaires au niveau du dos qui étaient plus importantes alors qu’à l’inverse les chaussures, que l’on a appelés mirror-decoupling on les réduisait » 

On a même refait l’étude tellement les résultats nous ont surpris et on a retrouvé les mêmes résultats puis idem chez les hommes. Globalement dans 70% on obtient un résultat positif. 

Il y a plein de mouvements mécaniques dans la course. Il y a ceux qui font avancer et aussi beaucoup de mouvements « parasites » (dans d’autres plans) de notre corps mais qui sont naturels, c’est ce que vous avez cherché à travailler ?

M: Quand tu cours et que tu as le pied au sol, tu as des forces qui sont générées pour aller vers l’avant mais tu as aussi des mouvements, comme tu le dis « parasite » qui sont dans le plan frontal par exemple le genou qui rentre l’intérieur, ou la pronation de la cheville, tout ces mouvements là qui sont nécessaires parce si on les bloque on a vu qu’on générait des contraintes ailleurs, mais qui au niveau des forces font consommer de l’énergie pour ne pas avancer si on peut dire. Donc on a distingué les mouvements articulaires qui sont nécessaires même s’ils peuvent parfois ne pas faire avancer, et la force générée par ces mouvements. Le principe est donc que si on n’oppose pas de contraintes à ce mouvement, peut être il va être diminué, mais surtout on aura moins de contraintes.

On a eu, à chaque fois sur ces prototypes, en moyenne, une diminution de l’amplitude de l’éversion du pied de 3° chez 70% à 80% des personnes . Au niveau du genou, la paramètre qui nous intéressait car lié au risque de blessure c’était le moment de force dans le plan frontale et l’a on constatait une diminution de 10 à 12% de celle-ci sur la même proportion de sujet avec comme chaussure de référence la Nike Pegasus mais on l’a aussi comparé à d’autres marques (Saucony  et Brooks notamment)

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Vous avez surtout bossé la semelle, comment le travail autour du chaussant s’est-il passé ?

M :Sur le chaussant on a essayé d’avoir cette continuité, on voulait une construction de tige qui soit elle souple aussi pour ne pas qu’il est de paradoxe entre ce que l’on essaye de faire avec la semelle et ce que la tige apporte. On voulait donc une tige qui soit flexible mais aussi très confortable comme le Heel counter. Nos développeurs sont allés chercher une société qui fait des soutien gorges pour cela ! Dans cette zone là c’est vraiment confortable, on a travaillé les matières sur le upper plutôt que la biomécanique.

Merci à Marlène pour ce petit moment de partage autour de cette chaussure.

Je n’ai malheureusement pas pu tester la Salomon Predict RA ou Soc ou encore la Predict 2. Ce ne sont ici que des analyses autour de brevet ou de l’histoire de cette chaussure. Je tenais à montrer qu’elle n’était pas sortie de la tête d’un savant fou mais bien basée sur des analyses, des tests et des réflexions pour limiter des blessures (pas juste de chiffres balancés dans un but marketing).  Elles feront certainement parties de ma sélection pour ma folie de 2021 !

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