Au programme : les dessous de la plaque de la Salomon S/Lab Spectur
Cet article ne présage pas des futures sorties de la marque, il n’est issu que de mon analyse d’une demande de brevet déposée par la marque et reflète potentiellement les activités des concepteurs.
Les informations présentées dans cet article proviennent des demandes de brevet déposée par Salomon, en octobre 2022 et publiée en avril 2024.
Si vous suivez l’actualité des chaussures, vous avez surement vu passé la future Salomon S/Lab Spectur, la chaussure pour les marathoniens en plus de 3h30 et qui recherche un produit performant, semblable aux super shoes !
La demande de brevet récemment déposée par Salomon se concentre sur la semelle, un élément clé de la chaussure qui peut influencer considérablement la performance de course. Les principaux objectifs de ce brevet sont d’optimiser la déformation de la semelle à l’impact, d’accroître la résilience, c’est à dire sa capacité à emmagasiner et à restituer l’énergie, d’améliorer le déroulé du pied et de renforcer la propulsion. En résolvant ces problèmes, la semelle vise à offrir une meilleure absorption des chocs, une stabilité accrue et une transition fluide du talon aux métatarses.
Cette chaussure a fait l’objet de plusieurs études pour sa création, on peut notamment retrouver quelques enseignements dans le papier entre l’université de Lyon et Salomon : Individual physiological responses to changes in shoe bending stiffness: a cluster analysis study on 96 runners.
La semelle de la Salomon S/Lab Spectur en détails
Au cœur de cette innovation se trouve une lame rigide disposée principalement dans la moitié antérieure de la semelle. Cette lame couvre au moins 50% de la surface projetée au sol de cette zone, garantissant un soutien et une rigidité suffisants. La lame va rigidifier la semelle au niveau des métatarses, limitant alors la flexion de ces derniers et donc la perte d’énergie générée lors de la flexion de l’articulation métatarso-phalangienne.
La plaque rigide de la chaussure, combinée avec une semelle avant relevée (rocker), joue un rôle crucial dans l’amélioration de la performance du coureur.
Quand la semelle de la chaussure est courbée vers le haut à l’avant (ce qu’on appelle l’effet « rocker »), elle crée un point de pivot juste avant la base des orteils. Ce design aide à basculer le pied vers l’avant pendant la course. La plaque rigide, placée à l’intérieur de cette semelle courbée, renforce cet effet de bascule. Lorsqu’un coureur applique une force sur l’avant de la chaussure, la plaque rigide aide à transférer cette énergie de manière plus efficace, facilitant ainsi la propulsion vers l’avant.
Cette lame est combinée à un support transversale, c’est le petit plus de Salomon.
Pour offrir plus de soutien, ce support comporte 2 ailes. Les ailes latérale et médiale sont des extensions du support rigide qui s’étendent le long des côtés de la semelle pour fournir un soutien latéral et médial supplémentaire. Ce support contraint l’expansion latérale de la couche d’amortissement supérieure, augmentant ainsi la résilience de la semelle et offrant une meilleure stabilité. Dans le cas de la S/Lab Spectur, la lame et le support sont combinés en une seule pièce. On se retrouve donc avec une plaque couvrant plus de la moitié de la chaussure avec 2 ailettes d’au moins 10mm de large.
Matériaux et fabrication
La lame rigide est fabriquée à partir de matériaux ayant un module d’élasticité (module de Young) supérieur à 750 MPa, mais inférieur à 70 GPa pour maintenir un bon compromis entre rigidité et confort. Cela permet aussi de rester en dehors du brevet de Nike sur les plaques. Elle a une épaisseur moyenne comprise entre 0,7 et 2 millimètres. On retrouve donc comme matériaux possible le polyamide (PA), le polyuréthane thermoplastique (TPU) ou des composites avec des fibres de verre, de carbone ou de lin. Les ailes ont une rigidité au moins 5 fois inférieurs à la lame.
Ce châssis rigide peut être obtenu par bi-injection afin d’utiliser des matériaux différents pour la partie lame rigide et la partie support rigide. Cela permet d’obtenir la différence de rigidité souhaitée.
L’autre solution est de former un creux au niveau de la voute plantaire sur la partie lame. Ainsi, le châssis forme une bosse orientée en direction du pied. Ce creux permet d’augmenter la raideur en flexion et torsion avec une épaisseur réduite, et ainsi d’éviter les déformations de la semelle lors de la phase de transition pouvant potentiellement faire perdre de l’énergie..
La couche d’amortissement est quand à elle constituée de mousse alvéolaire, utilisant des matériaux comme l’éthylène-acétate de vinyle (EVA), le polyuréthane (PU), le TPU, le thermoplastique élastomère base polyester (TPEE), le polyether bloc amide (PEBA) ou le polyoléfine thermoplastique (TPO/POE). Ces matériaux sont choisis pour leur capacité à absorber les chocs et à offrir un retour d’énergie efficace. On va retrouver ici l’EnergyFoam+ et EnergyFoam de Salomon.
Amusons nous un peu
Je vous propose un nouvelle expérience. Bien que la chaussure soit déjà sortie, je me suis amusé avec une IA generative pour vous proposer des variations de la chaussure à partir des croquis disponibles dans le brevet. J’ai trouvé cela assez bluffant. Un nouvel outil que j’utiliserai surement à l’avenir pour vous plonger encore plus dans les futures innovations.
Conclusion
Salomon propose aussi une version qui semble offrir plus de stabilité aux coureurs. Cela peut paraitre insignifiant mais cela montre l’importance de prendre en compte les comportements individuels pour comprendre l’impact des chaussures de course . Le papier que j’ai cité plus haut semble montrer que les coureurs réagissent différemment à l’augmentation de la rigidité de la semelle, et que les coureurs de haut niveau bénéficient de semelles plus rigides. Il faut donc concevoir un panel de produit adaptés aux besoins spécifiques des coureurs.