Salomon ME:sh : la remise en question

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Cet article n’a pas pour but de parler de la chaussure, mais de vous présenter le travail de réflexion autour de la chaussure qu’ont eu les gens de Salomon, un travail que l’ingénieur que je suis trouve très intéressant. Quand une industrie remet en cause ses façons de faire classiques ce n’est pas anodin, c’est souvent un choix important pour l’entreprise.

Nouvelle conception de chaussure

Ca fait maintenant 3 ans que j’ai analysé le brevet autour de ce produit, et ça y est la chaussure prends enfin vie ! Salomon a totalement remis en cause sa façon de concevoir.

Poussés par les athlètes de la marque et surtout un certains Kilian Jornet, les ingénieurs ont cherché à rendre la chaussure la plus simple possible ! Résultat : la pompe est réduite à 12 éléments pour une 50 sur une chaussure actuelle : cela parait simple, mais c’est un gros travail quand on fait des chaussures depuis des dizaines d’années.

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L’enfilage du manchon sur le renfort

Une conception qui devient en quelque sorte modulaire : les éléments sont produits séparément avant d’être assemblés au gout du client. Cette transformation apporte de multiples possibilités.

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La Kilian mi-haute

Déjà fini la collection saisonnière : la customisation n’a plus de saison, mais place plutôt une évolution incrémentale. Un nouveau matériau est disponible pour la semelle ? Très bien, il y a juste a changé le module dans la ligne d’assemblage et voilà la ME:sh 1.5, un nouveau système de lacet et hop ME:sh 1.7, une révision du squelette et du fil voilà la ME:sh 2.0. C’est très caricaturé, mais l’évolution ne sera plus limitée par les saisons, mais liée au progrès !

Cette conception simple et les progrès possibles encore dans le domaine de la fabrication additive (impression 3D) permettent d’imaginer encore des personnalisations anatomiques plus poussées dans les années à venir.

Nouvelle façon de fabriquer

Salomon ME:sh : la remise en question 6La machine industrielle ne produira plus des chaussures identiques à la chaine, mais des paires uniques sur commande. Les actions ont la aussi été simplifié plus que 30 vs 180 précédemment, elles sont partagées entre Maurice, un robot ABB au bras articulé et 2 opérateurs pour les manipulations manuelles restantes.

Et tout cela se trouve à Annecy, c’est au même endroit que les produits « footwear » des athlètes sont aussi créés. Retour à la l’assemblage français ! 80% du process de fabrication est réalisé en France, la chaussette étant tissée en Italie et les autres éléments à Taiwan.  1h30 sont nécessaire pour assembler la chaussure suivie par 10h de séchage

Nouveau lieu de vente.

Salomon ME:sh : la remise en question 8Pour vivre cette expérience, Salomon a créé au Annecy Design Center, un espace où il est possible de comprendre comment la chaussure est faite, créer la sienne, voir la fabrication de celle-ci et faire connaissance avec Maurice. Ce lieu vous plonge dans l’histoire de la marque, de la personnalisation chez Salomon avant de vous amener à faire la votre. Il ouvrira à partir du 1er septembre. Ce lieu sera imité chez les revendeurs qui devraient avoir un espace dédié à la conception de la ME:sh. La marque d’Annecy réfléchit à encore aller plus loin dans l’expérience du lieu..

Nouvelle façon de travailler

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Jean Yves, Directeur du projet S/LAB ME:sh

C’est une véritable start-up « secrète » à l’intérieur de Salomon est à l’origine de ce produit, 70 personnes qui naviguaient entre leur projet originel et celui-là, tout ça sur la houlette de Jean Yves Couput, directeur du projet et Kristof, directeur du programme. On sort du format silo classique pour un travail réellement transverse où chacun vient avec son expérience et repart aussi apporter à son projet ce qu’il a appris dans le projet ME:sh pour son produit. Le fonctionnement a été complètement revu pour ce projet secret de la boite d’Annecy.

En plus des tests classiques que subissent les chaussures chez Salomon, la ME:sh a eu quelques tests supplémentaires. Sur le terrain, 300 consommateurs ont été mis à contribution pour suivre l’évolution du produit sur le terrain ! 30 cobayes ont testé l’expérience de la co-création de la chaussure pour la mise en place de celle-ci : attente, impact, points forts et points faibles de cette offre. C’est un panel plus large que pour une chaussure de trail classique.

Nouvelle stratégie de vente.

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La première victoire de la ME:sh

Salomon a dans son ADN la personnalisation des produits depuis des années ils font ça pour les athlètes aussi bien skieur de fond, alpin que les coureurs. C’est ce nouveau service que la marque annécienne veut apporter à tout le monde ou plus précisément à tous ceux qui le veulent !

Fini le global, la vente principalement en ligne, comme pour la fabrication c’est le retour du local, du contact avec le vendeur. Salomon va commencer le lancement uniquement en France (8 points de vente : Rennes, Paris, Cernay, Chamonix, St Étienne, Millau, Perpignan, Toulouse) et la Belgique (1 point). Ça sera une sorte de beta-test grandeur nature avant un lancement qui va s’étaler sur 2 ou 3 ans à travers le monde. Les détaillants sont choisis minutieusement pour leur expertise, leur capacité à conseiller, mais aussi à animer une communauté.

Salomon ME:sh : la remise en question 14Un nouvel outil a été conçu pour faciliter la conception. Un configurateur qui permet de stocker toutes les infos nécessaires à la création de la chaussure a été mis en place comme si vous configureriez votre voiture en ligne avant de l’acheter.

Le client ne repartira pas du magasin avec sa paire de chaussures à la main, mais avec une commande. C’est 3 semaines plus tard qu’il recevra chez lui la chaussure avec la même attention que celle qui lui a été apportée lors de la co-conception.

On passe d’un produit fabriqué puis vendu à un produit vendu avant d’être fabriqué. Vu le nombre de combinaisons possibles en taille, largeur et personnalisation, il n’est pas possible pour Salomon d’avoir un stock de chaussures. Le stock se fera au niveau des « modules ».

Avec ce nouveau produit

Merci à Pierre, Jean Yves, Christophe et Felix d’avoir partager ce moment !

3 comments

  1. C’est vraiment une révolution en profondeur de la chaussure !
    Quel boulot et quelle élégance technique ! Bravo la R&D Salomon !
    La révolution industrielle et commerciale en ajouté encore !

    Je ne suis pas convaincu de l’absolue nécessité de ce fit anatomique pour les coureurs sans soucis particulier.

    En revanche, pour ceux qui ont des pieds bizarres ou des ampoules intempestives c’est potentiellement génial !

  2. Oui ce fut et cela reste très enrichissant d avoir participé à l évolution du projet en tant que testeur des l origine
    Assez étonnant de voir sur quoi cela a pu aboutir . Et sûrement encore plein d évolutions à venir

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